Il s'agit peut-être de l'Opéra européen par excellence : « Guillaume Tell » de Gioachino Rossini est l'œuvre d'un italien, qui traite en français un drame « Sturm und Drang » (tempête et passion) allemand dont l'action se déroule en Suisse. « Guillaume Tell » marque également la transition de l'Opéra italien divertissant vers le Grand Opéra du milieu du 19ème siècle. Un adieu, une transition ; non : un départ vers l'ère moderne. La thématique reste cependant d'actualité : l'oppression d'un peuple, la soif de pouvoir des plus forts et le cynisme qui les amuse.
Pour son entrée en fonction en août 2017, le nouvel administrateur général du Théâtre National de la Sarre, Bodo Busse, a volontairement choisi le mythe de ce héros national suisse pour marquer le coup d'envoi de sa première saison.
Le metteur en scène Roland Schwab fait de sa mise en scène de « Guillaume Tell » un drame politique. Il ne dépeint pas un Guillaume Tell déchiré entre sa famille et la résistance, mais un homme porteur d'une mission. Guillaume Tell ne suit pas simplement le chemin semé d'embûches vers la liberté, il l'incarne. L'opéra commence dans une cellule de prison, synonyme de ces entraves intérieures, et se termine sur une passerelle imaginée au-dessus de l'immensité d'un lac alpin, ouvrant métaphoriquement le regard sur l'essentiel.
À Sarrebruck, à seulement quelques kilomètres de Schengen, ce lieu chargé d'Histoire, l'Europe libre et solidaire a toujours joué un rôle prépondérant. Levez-vous si vous êtes suisse ? Non : Restez vigilants si vous êtes européen !
En ligne sur ARTE Concert concert.arte.tv dès maintenant et jusqu'au vendredi 20 avril 2018.
